L’attrape-cœurs, J.D. SALINGER
Bon. Je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté au bord d'une saleté de falaise. Ce que j'ai à faire c'est attraper les mômes s'ils s'approchent trop près du bord. Je veux dire s'ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C'est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. D'accord, c'est dingue.
Holden Caulfield, 16 ans, a de nouveau été renvoyé de son école. Avant que ses parents n’apprennent la nouvelle, il décide de passer trois jours à New York. Déceptions, déconvenues, rencontres éphémères, … Holden s’enfonce peu à peu dans une spirale désenchantée.
J.D. Salinger a publié ce premier roman en 1951 et l’on y ressent l’extrême difficulté d’être pour un adolescent dans l’Amérique de l’après-guerre. Pas d’euphorie, pas de triomphe mais bien l’impression d’un monde qui n’a plus de sens et, surtout, que les adultes ne sont plus là pour rassurer les enfants. Holden cherche à s’accrocher désespérément à quelque chose mais le monde lui échappe et il ne peut que lui adresser son éternelle insatisfaction. Tout ça le « tue », comme il le répète durant toute sa confession.
Mais au-delà d’un instantané sur l’époque, ce roman culte est avant tout un formidable portrait de l’adolescence. Holden est coincé entre le monde des enfants et celui des adultes. Ses besoins semblent inconciliables : il recherche à tout prix le contact avec les autres mais, au final, il est toujours déçu ou abandonné. D’un côté, ce petit frère mort dont il ne peut faire le deuil ; de l’autre, un grand frère, l’une des rares figures masculines qui semble le rassurer, est parti pour Hollywood. Entre ces deux absences, Holden va errer dans la ville, durant ces trois jours, de bars minables en appartements cossus, à la poursuite d’une ligne de fuite.
En cherchant un roman initiatique et vaguement réaliste pour mes élèves, je me suis souvenu de ce classique de la littérature américaine. Si, avec le recul (je n’ai plus seize ans depuis bien longtemps), j’ai l’impression qu’on a rarement parlé aussi justement de l’adolescence, reste à voir ce qu’en penseront les élèves…
Un billet chez Blake.
Référence :
Bon. Je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté au bord d'une saleté de falaise. Ce que j'ai à faire c'est attraper les mômes s'ils s'approchent trop près du bord. Je veux dire s'ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C'est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. D'accord, c'est dingue.
Holden Caulfield, 16 ans, a de nouveau été renvoyé de son école. Avant que ses parents n’apprennent la nouvelle, il décide de passer trois jours à New York. Déceptions, déconvenues, rencontres éphémères, … Holden s’enfonce peu à peu dans une spirale désenchantée.
J.D. Salinger a publié ce premier roman en 1951 et l’on y ressent l’extrême difficulté d’être pour un adolescent dans l’Amérique de l’après-guerre. Pas d’euphorie, pas de triomphe mais bien l’impression d’un monde qui n’a plus de sens et, surtout, que les adultes ne sont plus là pour rassurer les enfants. Holden cherche à s’accrocher désespérément à quelque chose mais le monde lui échappe et il ne peut que lui adresser son éternelle insatisfaction. Tout ça le « tue », comme il le répète durant toute sa confession.
Mais au-delà d’un instantané sur l’époque, ce roman culte est avant tout un formidable portrait de l’adolescence. Holden est coincé entre le monde des enfants et celui des adultes. Ses besoins semblent inconciliables : il recherche à tout prix le contact avec les autres mais, au final, il est toujours déçu ou abandonné. D’un côté, ce petit frère mort dont il ne peut faire le deuil ; de l’autre, un grand frère, l’une des rares figures masculines qui semble le rassurer, est parti pour Hollywood. Entre ces deux absences, Holden va errer dans la ville, durant ces trois jours, de bars minables en appartements cossus, à la poursuite d’une ligne de fuite.
En cherchant un roman initiatique et vaguement réaliste pour mes élèves, je me suis souvenu de ce classique de la littérature américaine. Si, avec le recul (je n’ai plus seize ans depuis bien longtemps), j’ai l’impression qu’on a rarement parlé aussi justement de l’adolescence, reste à voir ce qu’en penseront les élèves…
Un billet chez Blake.
Référence :
L’attrape-cœurs, J.D. SALINGER, traduit de l’anglais par Annie Saumont, Pocket, 1994.
Tu en parles bien... Moi, je n'ai pas été sensible à cette perdition. Je crois même que je ne l'ai pas perçue comme telle. Il parait évident que j'ai lu ce livre de travers et je le regrette à l'heure qu'il est. Je n'ai su que m'irriter du jargon répétitif et parfois un peu grossier de ce jeune adolescent.
RépondreSupprimerJe n'ai pas compris le fond du malheur d'Holden.
Avec du recul, "ça me tue".
Le côté répétitif moi ne m'a pas dérangé. Cela participe à l'ambiance.
SupprimerTu l'as certainement bien lu mais tu ne l'as pas aimé. Et ce n'est pas grave! ;-)
c'est drole parce que j'ai lu ce livre il y a 2 ans à peu près, et sur le moment il m'avait beaucoup plu, mais j'ai maintenant du mal à me souvenir de ce qui m'avait touché à l'époque...
RépondreSupprimerJe l'avais lu il y a très longtemps et j'avais oublié l'histoire mais pas l'ambiance et la tristesse du personnage.
SupprimerC'est drôle, je me demande si j'ai lu ce livre... je ne parviens pas à m'en souvenir, et pourtant j'ai l'impression de l'avoir lu aux environs de 20 ans (ça remonte un peu, quand même...) et tu me donnes envie de le (re)lire !!
RépondreSupprimerJe pense que quand on travaille avec des ados, c'est une lecture éclairante.
SupprimerCe livre est mon livre préféré. Salinger a TOUT compris de l'adolescence, voire du spleen qui peut envahir tout un chacun à l'orée de l'âge adulte.
RépondreSupprimerJ'irais même jusqu'à dire que ce livre m'a presque sauvé la vie. Holden (et Salinger) for ever :)
ici un petit lien sur un article que j'avais commis chez moi:
http://leschroniquesdeblake.blogspot.com/2010/03/un-poche-sous-les-yeux-lattrape-coeurs.html
C'est mon seul et unique Salinger. Mais il m'a donné envie de revenir rapidement vers cet auteur.
SupprimerMerci pour ton commentaire qui sonne très juste pour moi aussi. Je suis de plus en plus curieux de savoir ce que mes élèves vont en penser.
J'ai rajouté le lien vers ton article.
Après relecture de mon commentaire, peut-être un peu fort d'avoir dit que c'était mon livre préféré, il y en a tant. Disons plus justement qu'il figure dans le Top 10 et le trio de tête : un livre auquel je suis très attaché, c'est sûr !
RépondreSupprimerEt merci pour le lien , j'en suis très flatté ;)
J'ai lu ce roman pour la première fois en février. Je relis rarement, mais L'attrape-coeurs... Ah ! L'attrape-coeurs !!! J'étais tellement euphorique que mon billet part un peu dans tous les sens (http://morgouille.wordpress.com/2012/02/25/lattrape-coeurs-j-d-salinger/). Ca m'aurait sans doute plu que l'un de mes profs de français me l'impose ou me le propose en secondaire... Mais je sais qu'il n'aurait pas pris autant de sens qu'aujourd'hui et du coup je suis vraiment heureuse de ne pas l'avoir lu plus tôt ! =)
RépondreSupprimerJe vais voir le résultat auprès de mes élèves d'ici quelques semaines... et je suis vraiment curieux de voir leurs réactions. Trop tôt? Peut-être. Mais on donne du sens à un livre à différentes âges et il me semble que celui-ci peut s'aborder de différentes façons. À voir, donc.
SupprimerBien sûr ! Je suis entièrement d'accord. Simplement, je ne peux parler que de mon expérience. Je pense que plus tôt, il aurait de toute façon résonné quelque part en moi mais il aurait eu beaucoup moins d'impact. Pour vos élèves, j'espère que la mayonnaise prendra !
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