Huis clos haletant dans le grand Nord, là "où le climat est si rude que les animaux sont devenus blancs".
Mais pourquoi Béa a-t-elle choisi d'ignorer une formidable opportunité professionnelle, d'abandonner son oiseau bien aimé et de dépenser ses derniers deniers pour faire cette croisière hors de prix dans le grand Nord, à destination du Spitzberg, au fin fond de la Norvège? Effectivement, parmi les passagers à bord du Ewa, Béa détonne par son penchant pour la boisson, par son désintérêt, au départ, pour la beauté du lieu et par son ton caustique et son humour grinçant. Et très vite, on comprend que la motivation de Béa pour ce voyage est sans doute autre que celui de voir des ours polaires.
Or des ours polaires, elle en verra. Et même plusieurs. Et aussi des phoques, des morses, des mouettes ivoires, des bruants des neiges, des fulmars boréals. Et puis aussi des murs de glace, des cristaux éclatants, des montagnes enneigées aux couleurs cuivrées, des fjords à couper le souffle. Peu à peu, cet environnement à la fois aride et magnifique va créer des fissures dans l'armure de Béa. La femme solitaire, incapable d'aimer ou de se sentir aimée, marginale et un brin alcoolique, va peu à peu s'ouvrir au monde : accepter ses sentiments, laisser surgir les émotions et surtout, accepter de se débarrasser du passé.
Mais l'histoire d'amour inattendue qu'elle va vivre et les paysages de toutes beauté suffiront-ils pour que ce passé ne la rattrape pas ? Et puis pourquoi certains passagers et certains membres de l'équipage semblent comploter ? Car rien n'échappe à Béa, ni les chuchotement, ni les regards entendus, ni les conversations dans les chambres voisines...
Une intrigue pleine de suspense qui se déroule en huis-clos (outre les quelques animaux cités plus haut, les passagers et l'équipage du Ewa ne verront, pendant leur voyage, que très peu d'êtres vivants), de multiples rebondissements, une héroïne parfois un tout petit peu caricaturale mais délicieusement politiquement incorrecte et dotée d'un sens de l'humour ravageur, le tout situé dans un cadre spatio-temporel méconnu et attirant (surtout lorsqu'on apprend que "le Svalbard est une seule et même zone érogène"). Rajoutons que le message écologique est bien présent mais jamais mièvre.
Vous reprendrez bien quelques glaçons ?
Références :
Anne B. RAGDE, Zona frigida, traduit du norvégien par Hélène Hervieu et Eva Sauvegrain, Balland, 2011.
En voilà un qui ne m'attirait pas et maintenant, si !
RépondreSupprimerOh que j'ai envie de le lire !! Il attend gentiment dans la PAL "trouvé en bouquinerie" et il ne va pas y traîner longtemps, je me le promets ! Il y avait une belle interview de l'auteur dans le Lire de novembre 2011.
RépondreSupprimerC'est drole - on vient de me conseiller ce livre ce wwekend, du coup je le renote :)
RépondreSupprimerJe tourne autour de cette auteure depuis un moment, je vais bien finir par lire quelque chose d'elle !
RépondreSupprimerIl n'y a pas à dire, des présentations comme celle-ci donne envie de foncer à la librairie ! C'est noté, merci :-)
RépondreSupprimer@manu : espérons que tu ne sois pas déçu !
RépondreSupprimer@Anne : je vais essayer de trouver l'interview... surtout que je viens de m'acheter les deux premiers tomes de sa trilogie des Neshov.
@L'ogresse : il y a des signes qui ne trompent pas !
@Kathel : comme dit plus haut, je viens de m'acheter deux autres romans d'elle en espérant que ce soit aussi bien.
@lewerentz : avec plaisir ! Merci à toi pour ce commentaire !
J'ai lu les deux premiers tomes de la trilogie des neshov, j'avais beaucoup aimé. Celui là me tentait beaucoup mais j'ai abandonné après quelques pages, pour une raison que je ne saurais citer (c'était à sa sortie, il y a au moins un an, je ne me souviens plus!). Tu me donnes envie d'essayer à nouveau. Ceci dit, elle en sort de plus en plus, un peu comme Zafon et du coup, j'ai peur qu'à force d'écrire, ce ne soit plus aussi bien (Zafon a fait presque un chef d'oeuvre avec l'ombre du vent, maintenant il y en a tellement des zafon qu'on est toujours déçu...)
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé sa trilogie, mais là j'hésitai...
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