Les revenants, Laura KASISCHKE
Le septième roman de Laura KASISCHKE, faux college novel et vrai roman féroce et énigmatique.
L'action se situe sur le campus d'une université américaine et commence par le récit de l'accident de voiture dans lequel Nicole, jolie étudiante toute blonde et toute prude, originaire de la petite ville de Bad Axe et membre d'une sororité, perd la vie dans les bras de son petit ami, Craig, qui conduisait la voiture.
Malgré tout, la culpabilité, les souvenirs qui l'assaillent et surtout le rejet virulent dont il fait preuve, Craig, une fois remis de son choc post-traumatique qui ne lui a laissé aucun souvenir du soir de l'accident, revient à l'université. Mais voilà qu'il a la nette impression de voir Nicole un peu partout sur le campus. Rien que de plus normal pour quelqu'un en plein processus de deuil si ce n'est qu'il est loin d'être le seul.
Mais que s'est-il réellement passé ce soir-là ?
Aïe aïe ouille ! vous entends-je dire jusqu'ici. Un nouveau roman d'Harlan COBEN (dans lesquels les morts sont rarement vraiment morts et les intrigues entremêlées à souhait) ? Un autre Twilight (qui allie subtilement - bon, peut-être pas très subtilement - fantastique et bluette pour adolescentes) ? Un roman psychologisant sur la rédemption ? Rien de tout ça, évidemment, parce que malgré le pitch qui donne l'impression qu'on a déjà entendu cette histoires mille fois, on est dans un roman de Laura KASISCHKE. Et comme toujours, l'auteur évite tous les clichés et nous livre un roman à la fois passionnant, mystérieux et émouvant.
La narration alterne les rétrospections, lorsque Nicole est encore vivante, et les témoignages de plusieurs personnages qui ne sont jamais secondaires. Ainsi, on rencontre Perry, colocataire de Craig, originaire de Bad Axe comme Nicole et ami d'enfance de celle-ci, qui tente de comprendre pourquoi lui aussi voit Nicole partout sur le campus et de préserver son ami Craig, Shelly, responsable du département musique classique qui est le premier témoin de l'accident et qui s'étonne que les médias n'aient absolument pas pris son témoignage en compte, Mira, titulaire d'un cours sur la mort et les rites funéraires vers qui Perry va se tourner pour comprendre ce qu'il en est ou encore Craig et Nicole qui s'éloignent au fur et à mesure de la lecture, de l'image qu'on s'était faite d'eux.
Les personnages tenteront de découvrir la vérité sur cette affaire qui va bouleverser leur existence et chacun aura la sienne... Pas de résolution car nous ne sommes pas dans un roman policier. Le lecteur se fera sa propre idée des événements et jugera qui bon lui semble, l'auteur se gardant bien de nous orienter tout en égratignant la société américaine. KASISCHKE prend soin également de préserver jusqu'à la fin cette atmosphère mystérieuse et envoutante qui imprègne le roman depuis le début.
Ajouterais-je néanmoins que je n'ai pas retrouvé toute la poésie et la subtilité d'En un monde parfait, son précédent roman dont on vous parlait ici ? J'hésite, parce que non seulement comparer un roman à un autre manque souvent de pertinence et parce que je vous éloignerais peut-être d'un grand livre, ce dont je me garderai bien.
Référence :
Laura KASISCHKE, Les revenants, traduite de l'anglais (Etats-Unis) par Eric Chédaille, Christian Bourgeois, 2011.
Si je n'avais pas lu qu'il s'agissait de Kasischke, en lisant ton billet, j'aurais pu croire que tu parlais d'un nouveau J.C. Oates. A voir...
RépondreSupprimerJe garde ce titre à l'esprit au cas où l'envie me prendrait de me réconcilier avec Kasischke.
Je ne connais pas encore Laura Kasischke, et je comptais commencer par celui-ci ou En un monde parfait... Amstramgram... je lirai les deux !
RépondreSupprimerEntre cette auteure et moi, c'est un peu "je t'aime , moi non plus"...
RépondreSupprimerElle fait partie de ces auteurs dont j'entends du bien absolument partout mais que, pour une raison inconnue, je n'ai pas vraiment envie de découvrir...
RépondreSupprimerJe suis ravie de lire que tu as aimé aussi ! Ce billet devrait convaincre les réticents, s'il en reste !
RépondreSupprimerTiens tiens... Bon, Un n monde parfait est à la bibli, ce sera plus simple pour vérifier si cet auteur peut (enfin) me plaire.
RépondreSupprimerQuant à Hugo (mon comm précédent) je ne rigolais pas, je parlais de page turner (par exemple le récit d'un naufrage, je n'ai rien vu des 40 pages haletantes!)
Je n'ai jamais lu cette auteure mais j'en entend beaucoup de bien (et parfois du moins bien, c'est vrai). Mais depuis que j'ai vu "La vie devant ses yeux", une adaptation d'un de ses livres, elle m'intéresse bien et ton commentaire ne fait que renforcer cet avis. Donc je note. Merci.
RépondreSupprimerJe viens de le finir, moi aussi juste après En un monde parfait ... j'ai beaucoup aimé !
RépondreSupprimerPetit à petit cette auteure prend une place dans les blogs, j'ai vraiment l'impression de le voir partout
RépondreSupprimerje vais devoir m'y mettre...
Oh en voilà un qui va rejoindre aussi sec ma LAL !!!
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