25 août 2010

Amour/haine de la famille

Le sel, Jean-Baptiste DEL AMO


Beau roman sur un thème pourtant éculé, par un jeune écrivain en passe de trouver sa voix.


Louise et Armand : les parents. Elle est dévouée et silencieuse, parfois résignée ; il est solide, tempétueux, parfois tendre. A la mort d’Armand, Louise se retrouve seule dans la petite maison de Sète et, en ce jour, attend ses trois enfants pour le souper. Fanny, marquée par la disparition de sa fille dix ans plus tôt, statufiée dans un deuil qui la coupe des autres. Albin, le fils préféré du père, dur et fier. Jonas, fragile, trop sensible ; vilain petit canard ?
Autour de l’attente du repas du soir, la mère et les enfants vont et viennent dans leurs souvenirs et tentent de comprendre ce qui fait défaut à leur famille et ce qui ne leur permet jamais de jouir pleinement de leurs rencontres. Sur eux plane l’image du père, cachant le soleil qui, au-dessus de la mer de Sète, tente pourtant de crever les nuages.
Leur mémoire est ce fleuve aux courbes insaisissables dont il n’est possible de cerner la vérité qu’en l’endroit où la mémoire de tous afflue pour se jeter, unifiée, dans la mer.
Dans un récit en trois parties, chacune du nom d’une des Parques, divinités qui dans la mythologie président au destin des hommes, DEL AMO ausculte la mémoire de cette famille et met à jour les joies et les drames qui ont tissé leurs parcours. Par son écriture souple et très sensuelle, il va rechercher au plus profond des personnages pour en retirer les jours et les heures qui ont engendré leurs lignes de faille, de fuite ou de rupture.
Après Une éducation libertine, Jean-Baptiste DEL AMO signe un roman sur le thème de la complexité des relations au sein de la famille. Encore la famille !, me dire-vous ? Oui, c’est vrai que ce n’est pas d’une toute grande originalité mais la finesse de l’écriture m’a emballé et, souvent, ému profondément. Je ne vais pas rentrer dans les détails (il semblerait que l’auto-fiction soit enfin passée de mode : je ne vais pas m’y mettre!) mais je me suis souvent surpris à me reconnaître dans les différents personnages. Comme dans son premier roman, DEL AMO aime mettre à jour ce qui se cache au plus profond des hommes, leurs rêves, leurs espoirs, leurs désirs, avec justesse. Même si certaines scènes de confrontations sonnent parfois un peu trop fort, la sincérité des personnages touche et évite le côté un peu pathos du couplet « famillle je vous hais/vous aime ».

Premier ouvrage lu dans le cadre de la rentrée littéraire 2010 qui, pour moi, commence donc plutôt bien.

10 commentaires:

  1. Le thème ne m'attire pas, de prime abord, parce qu'il est un peu "usé" mais ton billet éveille ma curiosité. J'irai voir de plus près ce "sel"...

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  2. @ Gwenaelle: il ne faut pas que le voir: il faut aussi y goûter!

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  3. Ce livre me tente moins que son premier roman, noté déjà depuis longtemps. J'espère pouvoir le découvrir bientôt.

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  4. il faut absolument que je découvre cet auteur dont tout le monde me dit le plus grand bien !
    une bonne pioche de la rentrée, donc !

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  5. @ zarline: le premier est assez différent, étant un livre de genre assez balisé: le roman de formation "historique". Mais je conseille aussi vivement.

    @ Sébastien L: j'étais un peu lassé des auteurs français et il fait partie de ceux qui m'ont un peu donné l'envie d'y revenir.

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  6. J'avais beaucoup aimé son premier roman, je note celui-ci aussi

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  7. Pour moi, c'est sans hésiter, je veux le lire !

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  8. @ Tiphanie et liliba: Ce jeune auteur mérite vraiment l'intérêt qu'on commence à lui porter.

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  9. 1 Je voulais le lire.
    2 Une amie libraire connaissant mes goûts me l' déconseillé, je m'ennuierais, selon elle.
    3 J'hésite.
    4 Un ami est tenté, il le trouve bon.
    5 Je ne sais plus quoi faire.
    6 Je viens ici et tu me redonnes envie de le lire, c'est décidé !

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  10. Très déçue, au final... billet bientôt !

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