4 avril 2010

Blue suede shoes

Les chaussures italiennes, Henning MANKELL

Un homme a choisi de vivre sa retraite sur une petite île au large de la Suède et se laisse vieillir entouré par la glace et  la solitude. Mais l'arrivée inopinée de son ancienne maîtresse va quelque peu bouleverser son existence isolée.

On ne présente plus Henning MANKELL et il n'est plus nécessaire non plus de dire à quel point on l'aime (voir ici et ici). On l'a découvert avec la série des Kurt Wallander, extraordinaires polars qui allient suspense, réalisme et intelligence. Tout le monde aime l'inspecteur Wallander, même ceux qui ont encore des a priori à l'encontre du genre policier, parce qu'il est terriblement humain et que ses enquêtes se déroulent toujours dans un contexte interpellant, évoquant tantôt l'appartheid, tantôt l'évolution de la société suédoise ou encore la mafia russe. On aime tellement Wallander qu'une adaptation télévisée a vu le jour et, pour notre plus grand plaisir, c'est l'excellent Kenneth Brannagh qui interprète le policier suédois. Un casting anglais, donc, mais un cadre spatial bien suédois et des vues magnifiques de ce pays qu'on a décidemment de plus en plus envie de visiter.
Mais MANKELL n'est pas qu'un auteur de roman policier (malgré que ça aurait suffi pour dire de lui qu'il est un grand écrivain!). On vous avait d'ailleurs déjà parlé de Tea Bag, étonnant roman qui traite de l'immigration clandestine en Suède par le biais d'un écrivain narcissique décidant d'écrire un roman sur de jeunes immigrées.
Son dernier roman, Les chaussures italiennes, est à la hauteur de l'idée que l'on avait de l'auteur de de son talent. Il y est question d'un homme d'une soixantaine d'années, médecin à la retraite, qui après un erreur médicale s'est coupé de tout et de tout le monde pour vivre, seul, avec son chien, son chat et sa fourmilière, sur un île où bien peu de gens, à part le facteur, homme curieux et hypocondriaque, ne passe. Mais un jour, notre homme voit arriver, sur la glace, à petit pas derrière son déambulateur, une femme, qu'il reconnaît être son plus grand amour lâchement abandonnée quarante ans plus tôt. C'est bien entendu le début d'une nouvelle vie, et on assiste à la renaissance d'un homme qui se considérait comme mort depuis trop longtemps. A partir de là, notre (anti)héros vivra, enfin, des aventures parfois douloureuses, souvent heureuses et fera de nombreuses et improbables rencontres : une fille qui vit dans une caravane, fait de la boxe et écrit des lettres aux chefs d'état pour leur demander de faire changer les injustices de ce monde, une ancienne patiente manchotte qui s'occupe de jeunes filles en réinsertion, les jeunes filles en questions, pour la plupart immigrées et remplies de colère et de souffrances (dont l'une est l'amie d'une certaine Tea Bag...), un chausseur italien artiste et amoureux des pieds,... Et, le facteur de reprendre du service, s'occupant d'un échange de courrier frénétique entre l'île et le continent, et se chargeant d'amener les nouveaux amis de notre solitaire sur l'île, anciennement no man's land, qui deviendra un lieu de plus en plus fréquenté, sur lequel, de temps à autre, auront lieu des fêtes de printemps inoubliables. 
Si l'on retrouve les thèmes de prédilections de MANKELL - l'amour filial, l'immigration, les rencontres extraordinaires, les cadeaux et les difficultés de la vie -, son écriture acérée et le personnage égocentrique et dépressif, on va, durant toute la lecture de surprises en surprises. Parce que MANKELL évite toujours et superbement facilité et toutes formes de clichés. A chausser sans plus attendre.

3 commentaires:

  1. Je vais l'acheter mardi, je vais bientôt m'exiler un peu au soleil et cela me paraît excellent comme lecture... ! Merci

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  2. C'est un roman que j'ai beaucoup apprécié, Mankell a su sortir du polar avec grand talent, j'ai aimé cette réflexion sur la paternité, la solidarité et le partage un bien beau roman

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  3. @Mir : si tu vas au soleil, les ambiances glacées de Mankell vont agréablement te rafraîchir ! Bonnes vacances !
    @Dominique : tout à fait d'accord avec toi, Mankell est aussi doué dans le polar que dans les récits.

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