Comment être une femme libre dans le Liban d'aujourd'hui. Le récit d'une femme qui lutte contre la domination des hommes, de la religion et des coutumes en flirtant avec la violence et la folie.
Un jour, raconte Mohamed KACIMI, une jeune femme l'aborde, lui met entre les mains un manuscrit et lui explique qu'il s'agit de sa vie, avant de s'enfuir. KACIMI va alors découvrir un texte poignant qui raconte le destin d'une petite fille puis d'une femme dans le Liban d'aujourd'hui. Il va recontacter la jeune femme et rédiger avec elle d'abord un texte théâtral - qui sera monté à Avignon, interprété par Darina elle-même, et deviendra un spectacle événement - puis un roman témoignage.
Le jour où Nina Simone a cessé de chanter débute par la mort du père de la narratrice. Un homme extraordinaire, né en Syrie puis réfugié politique au Liban, qui élèvera ses trois filles dans le culte de la liberté. Ainsi, il leur apprend à s'opposer farouchement à la soumission aux hommes ("Méfie-toi ma fille, tous les hommes de ce pays sont des monstres pour les femmes"), à la religion ("Mes filles, dit-il, tant que je serai en vie je ne veux voir aucune de vous lever le cul en l'air pour faire la prière et encore moins s'affamer pour faire le ramadan") ou à toute autre coutume qui enferme les femmes, y compris l'obligation de porter des soutiens gorge ("Un soutien-gorge, tu te rends compte de la servitude que ça suppose, tu vas avoir un corset qui va t'empêcher de respirer, tu auras des marques de bretelles sur les épaules, sais-tu combien de femmes j'ai fuies au moment de faire l'amour rien que pour cette cicatrice affreuse, et les marques d'agrafes dans le dos, on dirait un impact de balle"). Pour respecter ses dernières volontés, sa fille, Darina, refuse qu'on écoute le Coran et exige que l'on passe Nina Simone et ses airs de jazz préférés.
Le récit est aussi et surtout l'histoire d'un pays en guerre où la liberté est de plus en plus difficile à préserver. Ainsi Darina et ses sœurs assisteront, depuis leur petite enfance, à des scènes de violence inimaginables et vivront les semaines du siège de Beyrouth, enfermées et entassées avec des dizaines d'autres dans une cave humide et étouffante. Et Darina, en grandissant, de goûter à la vie en brûlant la chandelle par les deux bouts, sachant que chaque jour est peut-être le dernier. Ainsi, elle nous raconte sans pudeur ses folles nuits à danser dans les boîtes de nuit de Beyrouth, le sexe auquel elle s'adonne sans modération ni protection, la cocaïne,... Tout ce qui permet d'oublier que la mort n'est pas loin et que la guerre et la violence font désormais partie du quotidien.
Mais lentement arrivent les premiers barbus. Les femmes commencent à se voiler, les mentalités à se fermer. Darina, qui s'évertue à vivre conformément à ce que lui a enseigné son père, dans la liberté la plus totale, sera rejetée par la communauté, y compris par sa propre famille qui la fera passer pour folle et enfermer.
Elle quittera ensuite définitivement le Liban et se réfugiera en France pour pouvoir vivre enfin en femme libre.
Un beau et poignant destin de femme.
Mais c'est une véritable mine d'information ici ! J'y reviendrai souvent ! Merci !
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