21 mai 2013

L'homme du roi

Le Conseiller – Tome 1 : Dans l’ombre des Tudors, Hilary MANTEL

Un roman historique à l’écriture enlevée sur une période de grande effervescence.

À la cour d’Henri VIII, un homme s’élève peu à peu pour devenir un personnage incontournable de l’entourage du roi et même du royaume : Thomas Cromwell. Fils de forgeron, il a quitté l’Angleterre et un père violent pour voyager à travers l’Europe, avec un passage dans l’armée du roi de France, pour finalement entreprendre des études de droit et entrer au service du cardinal Wolsey dont il est l’homme de confiance. Au moment où débute le roman, en 1527, Wolsey n’est plus en odeur de sainteté auprès du roi. Henri veut épouser Anne Boleyn mais pour cela il doit obtenir l’annulation de son mariage avec Catherine d’Aragon. Wolsey, malgré ses efforts, ne parvient pas à convaincre le pape Léon X. Sa disgrâce, hâtée par les efforts d’Anne Boleyn pour accéder au trône, est inévitable. C’est le moment pour Cromwell de sortir de l’ombre du cardinal et de se rendre indispensable auprès du roi…
Comme je l’avais dit il y a peu, je ne suis pas un grand lecteur de romans historiques. J’ai souvent l’impression que le récit croule sous les descriptions et les anecdotes sensées ancrer le lecteur dans une époque. Dans le premier tome de cette trilogie au succès retentissant (l’auteure a reçu par deux fois le Booker Prize), rien de tout cela. On entre lentement, par petites touches, dans le quotidien de Cromwell et dans l’Angleterre du début du XVIe siècle : un monde en pleine effervescence, où l’argent se trouve au centre de tous les enjeux et où l’église de Rome voit s’avancer chaque jour davantage le danger de la Réforme.
Mantel utilise un style vif, direct, un découpage dynamique et une langue qui évite le piège du « faux-vieux ». Elle construit avec beaucoup de finesses et de nuances (ce qui n’était pas du tout le cas de la série télé sur le même sujet) une galerie de personnages dont on devient rapidement familier : Thomas More, Anne Boleyn, Catherine d’Aragon et bien évidemment Henri VIII et Cromwell. La relation qui les unit, comme d’ailleurs toutes les relations dans ce roman, est ambiguë : qui sert les intérêts de qui ? Car le thème central est bien entendu le pouvoir : la façon d’y accéder et, surtout, de s’y maintenir. Et à ce jeu, les ressources de Cromwell semblent infinies. Il est partout à la fois: entre deux rendez-vous avec des ambassadeurs, il parvient à s'occuper des alliances nécessaires à sa famille tout en gardant l'œil sur les prétendus hérétiques qui croupissent dans les prisons londoniennes.
Un énorme pavé dont on attend la suite (mais il faudra être patient car elle n’est pas annoncée avant… mai 2014 !) et certainement un bonne pioche pour les vacances.

Référence :
Le Conseiller – Tome 1 : Dans l’ombre des Tudors, Hilary MANTEL, traduit de l’anglais (Angleterre) par Fabrice Pointeau, Sonatine Éditions, 2013.

7 commentaires:

  1. Je ne suis pas fan de ces pavés historiques mais je suis certain que si je mettais le nez dedans, j'aurais bien du mal à en sortir.

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    1. D'ordinaire, je ne suis pas fan non plus. Bonne surprise.

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  2. Je suis fan du Royaume-Uni sous toutes ces facettes donc ça m'intéresse. Mais l'ampleur du truc me fait douter

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    1. Je ne dirais pas que ça se dévore d'un bloc, c'est quand même assez dense. Mais je n'ai pas eu l'impression de lire une fresque ou une saga. C'est pas mal dans le quotidien.

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  3. Tudor, roman historique, pavé, deux fois le Booker Price, cet avis, tout pour me plaire pour de prochaines vacances ... Merci du conseil.

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  4. Voici une tentation digne de l'été qui finira bien par arriver ;-)

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