3 mars 2012

Choc des civilisations ?

Ce qu’il advint du sauvage blanc, François GARDE

Premier roman, basé sur une histoire vraie qui a intrigué le 19ème siècle. Altérité, civilisation, préjugés scientifiques, … Au final, un livre d’actualité. 

Oublié lors d’une escale sur les côtes australiennes au milieu du 19ème siècle, Narcisse Pelletier va s’intégrer à la vie d’une petite tribu, jusqu’à en perdre toute sa « civilisation » : sa langue, d’abord, mais aussi les usages et coutumes de son pays. Dix-huit années plus tard, il est retrouvé par hasard et ramené vers l’Europe, épaulé dans sa redécouverte du monde occidental par Octave de Vallombrun, un scientifique qui va se passionner pour celui qu’on appellera désormais le sauvage blanc.
À partir de cette histoire vraie, François Garde, dont c’est ici le premier roman, imagine les premiers pas, difficiles et réticents, de Narcisse dans le monde des indigènes et, en parallèle, le récit de son retour parmi les siens. L’histoire est plus qu’une robinsonnade : c’est le témoignage du contact entre deux cultures que tout oppose. Et la société de l’époque de se retrouver face à un mystère : alors que tous sont persuadés de la supériorité de la race blanche, Narcisse s’accroche à sa vie auprès de la tribu. Il peine à retrouver sa langue, semble avoir tout oublié des usages du monde civilisé et n’éprouve aucune joie à retrouver les siens.

"Ainsi, le sauvage blanc vivant au milieu des Blancs adopte nos usages, alors que le Blanc précipité parmi eux conserve les bienfaits de la civilisation, des années durant – à la seule exception connue et pour tout cela fascinante de Narcisse. Peut-on mieux montrer la supériorité du Blanc sur le sauvage ? La force d’attraction ainsi mise en valeur, et qui s’exerce toujours dans le même sens, confirme ce que le bon sens suggère.
    À l’exception de Narcisse."

Narcisse Pelletier, par Constant Peigné
En entremêlant les deux récits et les deux époques, François Garde interroge, dans un style classique et très maitrisé, le regard sur l’autre et, bien sûr, les limites de ce que l’on appelle la « civilisation ». Une lecture qui tombe à pic à l’heure où certains osent encore affirmer avec aplomb (ou cynisme ?) la supériorité d’une culture sur une autre…

Référence :

Ce qu’il advint du sauvage blanc, François GARDE, Gallimard, 2012.

8 commentaires:

  1. Hum, je vois que les déclarations de certain ministre ont franchi la frontière...
    ce roman me semble à lire, alors, surtout qu'il est joliment écrit!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait!
      C'est marrant : j'ai expliqué récemment à In Cold Blog que du fait de la proximité géographique, linguistique et médiatique (les télés et les journaux français font partie de notre quotidien), les Belges sont très au courant de l'actualité politique française.

      Supprimer
    2. Je pense qu'il y en a de ce côté-ci de la frontière le disent aussi de manière plus allusive...

      Supprimer
  2. Très très tentants!
    Dommage que ma PAL ne diminue pas! j'avais commencé "Drood" mais je cale un peu...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nous avons aussi notre lot de bêtise en politique, c'est clair.
      Quant au livre, il y a toujours une petite place dans la PAL...

      Supprimer
  3. Bonjour voyelle et consonne,
    Je note ce roman pour une prochaine lecture, le thème est effectivement vraiment d'actualité vu les déclarations récentes : mais hélas, ne l'a-t-il pas toujours été ... Il faudrait dire et redire, lire et faire lire des textes qui disent l'autre, avec plaisir romanesque et pertinence historique comme "Les passagers anglais" de Matthew Kneale.
    A bientôt à vous lire...
    Athalie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Athalie,
      Je note "Les passagers anglais" que je ne connaissais pas. Merci pour le conseil.

      Supprimer
  4. Belle sélection! Un roman qui pourrait assuremment me plaire!

    RépondreSupprimer