3 novembre 2011

Je déteste le féminisme

L'homme qui haïssait les femmes, Elise FONTENAILLE


Petit roman percutant sur un fait divers qui bouleversa la société canadienne à l'aube des années 90.

Non, il ne s'agit pas d'un nouveau tome de la série Millénium découvert dans les archives de feu son auteur. Le récit de la romancière canadienne Elise FONTENAILLE est certes moins complexe (quoique) mais glace tout autant le sang, surtout quand l'on sait qu'il se base sur un fait divers tout à fait véridique.
Montréal, décembre 1989. Un jeune homme débarque dans un auditoire de la faculté de Polytechnique, fait sortir tous les hommes et abat les jeunes-filles présentes au cours. Il continue ensuite sa balade meurtrière au sein de l'établissement. Il fera quatorze victimes avant de retourner l'arme contre lui.
Vingt ans plus tard, FONTENAILLE revient sur ce fait divers, le romance à peine et s'interroge. Ou plutôt interroge tous ceux qui de près ou de loin ont été marqués par cette tuerie, perpétrée dix ans avant celle de Columbine. L'auteur laisse alors la parole à la mère de l'assassin, femme victime d'une famille ultra réactionnaire et d'un époux violent, puis à sa sœur, dont le drame précipitera la mort prématurée. On aura entre autre aussi le point de vue de la miraculée qui a survécu aux trois balles reçues après avoir osé affronter le tueur ou encore celui de ces hommes qui sont sortis de l'auditoire lors de l'injonction du forcené et qui sont dévorés de culpabilité,... Témoins, policiers, parents de l'assassin ou des victimes, partisans du féminisme ou du moins connu mouvement masculiniste, acteurs de la société canadienne de l'époque ou d'aujourd'hui, FONTENAILLE fait parler beaucoup de monde.
Comment comprendre ce geste et cette haine ? Est-ce la faute à l'enfance meurtrie de l'assassin ? Est-ce la faute d'un système qui a exclu à de nombreuses reprises un jeune-homme désireux de rentrer dans l'armée ou de suivre de bonnes études ? Celle de la société canadienne qui est passée sans transition d'un ultra-catholicisme rigoureux à un féminisme radical ? Celle encore des marchands d'armes qui vendent sans sourciller un fusil à n'importe qui ? FONTENAILLE, bien sûr, interroge mais ne répond pas, à l'instar de Gus VAN SANT et de son très digne Elephant.
Un style descriptif, froid, sans concession ni atermoiement. Les faits sont là. Un livre choc.

Référence :
Elise FONTENAILLE, L'homme qui haïssait les femmes, Grasset, 2011.

Remarque : à ne pas confondre avec L'homme qui haïssait les femmes de Judith MacNaught, de la collection Amour et destin (si si, je vous jure, je n'invente pas) qui raconte la rencontre entre Lauren, jeune fille inexpérimentée, et Nick, homme blessé par une relation précédente,... Je n'en sais pas plus parce que je n'ai pas eu la chance de le lire mais la couverture est très très prometteuse... Allez, je vous la mets en lien ici juste pour le plaisir !

11 commentaires:

  1. sujet sérieux et assez dur ;)
    comme doit l'être celui dont tu nous donne si gentiment le lien LOL

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  2. Tu me diras, quand on voit l'air cruche qu'elle a, la Lauren, avec sa fleur de pissenlit, on comprend aisément que Nick finisse par haïr les femmes !

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  3. Ca me fait penser à "Il faut qu'on parle de Kevin", de L. Shriver. Mais ce roman-ci, dont tu parles, doit avoir davantage des allures d'essai que de fiction, non?
    PS : Je rejoins In Cold Blog : elle a une vraie tête à claques, cette Lauren. De quoi justifier toute la misogynie du monde ! :D

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  4. Waouw le lien ! Ca commence à manquer de tenue par ici ! Blague à part, c'est le livre dont je rêve... (euh non, pardon, c'est l'effet vacances qui se terminent trop vite) Vraiment blague à part, je rêve de lire Il faut qu'on parle de Kevin. Et celui-ci, ma foi, me réconcilierait avec Elise de Fontenaille dont la littérature ado me laisse un peu sur ma faim.

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  5. ton billet et ce roman m'intrigue; je le note. merci !

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  6. J'adore ta remarque ! et je me demande surtout comment tu es arrivé à trouver ce titre et cette couverture si tu ne l'as pas lu, hein ? ;-)

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  7. C'est bizarre cet intérêt qui nous porte vers ces faits divers sanglants, c'est morbide... Mais pourrait-on comprendre un jour ces tueries nées dans des esprits malades...

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  8. je crois que ce livre pourrait me séduire : un roman d'Elise Fontenaille pas écrit pour les ados, ça a l'air prometteur. le sujet a l'air dur à souhait, le projet d'écriture d'une grande ambition et l'ensemble sans réponse démagogique à un acte inimaginable et pourtant réel. je note, merci !
    (le résumé et la couverture de L'AUTRE Homme qui haïssait les femmes montrent à eux seul à quel point ce roman est d'une valeur absolue. c'est sans doute pour cette raison que je n'irai jamais le lire ;) )

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  9. @niki : assez dur, en effet. Quant à l'autre, je ne sais pas encore mais je défie l'un d'entre vous de le lire !!!
    @In cold blog : c'est vrai que dans le genre tête à claque, elle fait très très fort !
    @Reka : je n'ai pas lu "Il faut qu'on parle de Kevin" mais j'ai très très envie de voir le film. Ce roman-ci a parfois un petit côté document mais certaines parties sont très narratives. Un bon mélange !
    @Anne : je ne connais pas ses livres pour ado. Et c'est rigolo, moi aussi, je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours envie de lui mettre une particule. J'ai corrigé tout l'article pour enlever les petits "de" (comme mes élèves qui s'obstinent à appeler Emma Bovary : Madame DE Bovary).
    @lewerentz : avec plaisir !
    @Emeraude : Ah ! piégée ! La vérité c'est que j'ai trouvé la couverture en cherchant celle de ce livre ci. Si, si, je le jure !!!
    @YS : le livre ne permet pas du tout de comprendre mais en tout cas de s'interroger... Et heureusement, il n'a rien de complaisant dans sa description de la tragédie.
    @Constance : de rien (mais attention : ne jamais dire jamais !)

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  10. A propos d'il faut qu'on parle de Kevin : Le livre est beaucoup mieux que le film, ce serait passer à côté de quelque chose... (j'ai donné mon avis à propos du film ici, si ça t'intéresse : http://www.senscritique.com/film/we-need-to-talk-about-kevin/9221302843100137/critique/reka/)

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  11. @Reka : j'en prends bonne note ! J'ai du coup très envie de le lire. Et je m'empresse d'aller lire ta critique.

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