L’affaire de l’esclave Furcy, Mohammed AÏSSAOUI
L’enquête d’un journaliste d’aujourd’hui sur une aventure juridique sans précédent : un esclave qui revendique sa liberté.
L’affaire Furcy est un procès au long cours. De 1817 à 1843, un esclave de l’île Bourbon, aujourd’hui île de La Réunion, va revendiquer devant les tribunaux rien de moins que sa liberté. Alors que l’esclavage avait été aboli en métropole après la Révolution, il n’en allait pas de même dans les colonies qui dépendaient, pour leur économie, de cette main d’œuvre à bas prix et sur laquelle les maîtres avaient tous les droits. Furcy, dont on sait très peu de choses, est le fils d’une indienne, née à Chandernagor, achetée à l’âge de neuf ans, puis affranchie. Consciente ou non de cette liberté nouvelle, elle n’en a jamais fait l’usage et est restée au service d’un maître jusqu’à sa mort. Lorsque Furcy découvre la vérité, il cherchera simplement, avec une impressionnante détermination, à faire respecter ses maigres droits : l’enfant d’un affranchi ne peut être maintenu en esclavage. Mais le problème est plus vaste : comment les propriétaires et les petits potentats locaux peuvent-ils accepter qu’un esclave vienne défier leur autorité ou, pire, mettre le feu aux poudres et faire lever un vent de révolte ?
Mohammed Aïssaoui, en découvrant les archives consacrées à l’affaire, s’est passionné pour le parcours étonnant de Furcy et, à travers ce livre, tente de combler les zones d’ombres et de redonner vie à cette aventure juridique et humaniste. Un travail d’enquêteur, d’historien et de romancier qui ressuscite une époque où, loin des idéaux des Lumières et de la déclaration des droits de l’Homme, tous les hommes ne naissaient pas encore libres et égaux. Le discours des maîtres et de certains magistrats fait même froid dans le dos.
Le style de l’auteur est vibrant, habité et joue habilement sur les codes du romanesque pour garder intact le suspense : Furcy deviendra-t-il un homme libre ? Le récit de cette quête éprouvante et essentielle nous fait, au final, nous pencher sur notre propre sens de la liberté, donnée que nous considérons comme acquise mais qui s’avère plus complexe qu’il n’y paraît.
Avis aux collègues : si ce n’est certes pas un essai, ce petit livre s’inscrira sans problème dans le programme de sixième.
D’autres avis chez In Cold Blog, qui a eu la patience de recenser les billets.
Référence :
L’affaire de l’esclave Furcy, Mohammed AÏSSAOUI, Gallimard, Folio, 2011
L’enquête d’un journaliste d’aujourd’hui sur une aventure juridique sans précédent : un esclave qui revendique sa liberté.
L’affaire Furcy est un procès au long cours. De 1817 à 1843, un esclave de l’île Bourbon, aujourd’hui île de La Réunion, va revendiquer devant les tribunaux rien de moins que sa liberté. Alors que l’esclavage avait été aboli en métropole après la Révolution, il n’en allait pas de même dans les colonies qui dépendaient, pour leur économie, de cette main d’œuvre à bas prix et sur laquelle les maîtres avaient tous les droits. Furcy, dont on sait très peu de choses, est le fils d’une indienne, née à Chandernagor, achetée à l’âge de neuf ans, puis affranchie. Consciente ou non de cette liberté nouvelle, elle n’en a jamais fait l’usage et est restée au service d’un maître jusqu’à sa mort. Lorsque Furcy découvre la vérité, il cherchera simplement, avec une impressionnante détermination, à faire respecter ses maigres droits : l’enfant d’un affranchi ne peut être maintenu en esclavage. Mais le problème est plus vaste : comment les propriétaires et les petits potentats locaux peuvent-ils accepter qu’un esclave vienne défier leur autorité ou, pire, mettre le feu aux poudres et faire lever un vent de révolte ?
Mohammed Aïssaoui, en découvrant les archives consacrées à l’affaire, s’est passionné pour le parcours étonnant de Furcy et, à travers ce livre, tente de combler les zones d’ombres et de redonner vie à cette aventure juridique et humaniste. Un travail d’enquêteur, d’historien et de romancier qui ressuscite une époque où, loin des idéaux des Lumières et de la déclaration des droits de l’Homme, tous les hommes ne naissaient pas encore libres et égaux. Le discours des maîtres et de certains magistrats fait même froid dans le dos.
Le style de l’auteur est vibrant, habité et joue habilement sur les codes du romanesque pour garder intact le suspense : Furcy deviendra-t-il un homme libre ? Le récit de cette quête éprouvante et essentielle nous fait, au final, nous pencher sur notre propre sens de la liberté, donnée que nous considérons comme acquise mais qui s’avère plus complexe qu’il n’y paraît.
Avis aux collègues : si ce n’est certes pas un essai, ce petit livre s’inscrira sans problème dans le programme de sixième.
D’autres avis chez In Cold Blog, qui a eu la patience de recenser les billets.
Référence :
L’affaire de l’esclave Furcy, Mohammed AÏSSAOUI, Gallimard, Folio, 2011
Chouette, de voir un billet sur ce livre, à lire, oui!
RépondreSupprimerBonne semaine, merci pour cette critique, Pascal, journaliste.
RépondreSupprimerLe sujet a l'air passionnant. Je m'empresse de le noter!
RépondreSupprimerJe connaissais pas ce fait, ton billet est très intéressant, ça donne envie d'en savoir plus.
RépondreSupprimer@ keisha: même avec du recul, je garde en tête beaucoup d'images et même de dialogues (ce qui est rare!).
RépondreSupprimer@ Djemaa: mais de rien Pascal, journaliste.
@ Marie: désolé pour la LAL ou la PAL mais oui, c'est à noter!
@ Tiphanie: je ne connaissais pas non plus et je pense que sans le travail de l'auteur personne n'aurait entendu parler de cette "affaire", tombée dans les oubliettes de l'histoire.
Je note !
RépondreSupprimerSur l'esclavage à la Réunion, j'ai lu "Chasseur de noirs", de Daniel Vaxelaire (en 1740, l'histoire d'un jeune homme qui, après avoir été "chasseur de noirs", rejoindra le clan des esclaves révoltés, les marrons), qui s'inspirerait d'une histoire vraie.
Je viens de dévorer ce bouquin et c'est vrai, il s'inscrit parfaitement dans le programme de sixième année ! Vivement les lectures de l'an prochain !
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