15 décembre 2010

(Bad) Trip littéraire

Des garçons épatants, Michael CHABON

Un roman à l’univers décalé et un peu foutraque qui finit pas lasser.

Une longue et difficile journée pour Grady Tripp, prof de lettres dans une université américaine. Point de vue sentimental, on a vu mieux : sa femme le quitte, sa maîtresse, par ailleurs mariée à son recteur, lui annonce qu’elle est enceinte et la jeune et belle Hannah lui tourne plus que jamais autour. Professionnellement, ce n’est pas simple non plus : il peine depuis des années sur son dernier roman,  Des garçons épatants, une œuvre titanesque à laquelle il ne parvient pas à mettre un point final et qui, de par son imposante dimension, risque bien de ne jamais trouver le chemin des librairies. Il n’a d’ailleurs toujours rien montré de son travail à Teddy Crabtree, son plus vieil ami et éditeur, dont la carrière bat de l’aile. C’est aussi sans compter sur la présence étrangement morbide de l’un de ses étudiants, James Leer, apprenti écrivain au talent certain mais au bord du gouffre existentiel. Ajoutez à cela l’assassinat du chien du recteur, le vol d’un petit manteau ayant appartenu à Marilyn Monroe, un repas de Pessa’h qui tourne au cauchemar familial, le tout sous l’effet de l’alcool, du joint, ou des deux !
Le roman démarre avec beaucoup de souffle et de vitalité, CHABON (dont on vient de vous parler ici) s’adonnant avec une joie communicative au jeu du vaudeville moderne et littéraire, centré sur son héros, loser sublime qui, quand il parvient à éviter les coups du sort, fonce tout droit vers de nouveaux problèmes. L’écriture est toujours tendue, bourrée d’ironie. Dialogues et descriptions piquent, amusent et créent peu à peu un univers un peu loufoque. Mais au fil des pages, alors que les personnages semblent lutter contre une gueule de bois de chaque instant, le rythme du récit s’empâte lui aussi, se perd parfois dans des péripéties redondantes, accessoires et l’intrigue de perdre de son intérêt. Même si les digressions, sur l’écriture et le cinéma notamment, sont plaisantes, elles ne parviennent pas à maintenir le lecteur en éveil. Dommage, car tout cela était bien parti. En même temps, le souci de l’auteur est finalement le même que celui de son personnage : trouver une fin, faire progresser une intrigue. La mise en abîme ne sauve cependant pas le lecteur de l’ennui. C’est dommage, car c’était bien parti…

Un livre lu grâce à un partenariat organisé par BOB (qu’on remercie encore une fois pour leur job épatant) et les éditions Robert Laffont.

PS : ce roman a été adapté en 2000 au cinéma par Curtis Hanson. J’ai vu ce film mais je n’en ai plus aucun souvenir.

7 commentaires:

  1. Je suis complètement d'accord ! Aux 250 premières pages, j'étais enthousiaste !
    puis les 250 pages suivantes ont été longues, rès longues ( lasse que j'étais).
    Finalement, j'ai terminé par une lecture en diagonale...

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  2. J'ai déjà eu du mal avec "Le club des policiers yiddish" alors je ne tenterai pas celui-là...

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  3. Avec un titre comme ça, c'est quand même un comble que le bouquin se révèle au final pas si terrible !
    Ni l'auteur (que j'ai vu plusieurs fois en interview), ni ses bouquins ne m'ont fait envie jusque-là. Ce n'est pas ton billet qui va me faire changer d'avis.

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  4. @ Clara: même rythme de lecture pour moi. Las que j'étais aussi...

    @ Ys: bonne idée...

    @ ICB: les garçons épatants et leurs petits maillots sont sur ton blog...

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  5. Hum, moi qui pensais que Chabon n'avait écrit que deux romans... J'en apprends des choses ce soir :)
    Bon, si j'ai bien compris, autant passer son tour sur ce roman !

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  6. @ Sébastien L: Il a même déjà beaucoup écrit. Mais celui-ci est plus que dispensable.

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  7. Le bilan global sur ce roman étant mitigé, j'hésite... pourtant, le contexte de base semble vraiment bien.

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