Si SHAKESPEARE avait eu une sœur, aurait-elle pu écrire des œuvres aussi géniales que celles de son frère? Non, répond Virginia WOOLF, parce que la société ne le lui aurait pas permis. Un essai qui n'a pas vraiment vieilli sur la condition de la femme.
Alors que Le Conflit, le livre d'Elisabeth BADINTER sur la condition féminine à l'heure d'aujourd'hui, fait beaucoup parler de lui et suscite la polémique (et alors que mes amies l'ont déjà toutes terminé et ont promis de me le prêter) voilà que le hasard (ou plus exactement mon amie Séverine que je remercie vivement) me met entre les mains Une chambre à soi, édifiant petit essai dans lequel Virginia WOOLF, en 1929, se penchait sur la place de la femme dans la littérature mais surtout sur la place des femmes écrivains. Les femmes, nous rappelle-t-elle, n'ont pas encore une grande place dans l'histoire de la littérature parce qu'elles n'ont pas les conditions matérielles pour écrire : elles ne peuvent pas aller dans les bibliothèques, s'asseoir sur une pelouse pour observer les gens, s'attabler à la terrasse d'un café pour réfléchir. Elles doivent s'occuper du ménage, des enfants, de la maison,... Outre le temps, rajoute Virginia WOOLF, il y a deux choses essentielles qui permettent d'écrire et dont les femmes ne disposent pas : de l'argent (Virginia WOOLF avait la chance de recevoir une rente annuelle grâce à l'héritage d'une vieille tante qu'elle connaissait à peine), et une chambre à soi. Jane AUSTEN, précise-t-elle, écrivait sur la table du salon, et ne laissait jamais personne voir qu'elle travaillait sur ses livres. Ainsi était-elle sans cesse dérangée pendant son processus d'écriture et devait-elle ranger papiers et stylos dès que quelqu'un pénétrait dans sa maison, ce qui était fréquent à cette époque et dans ce monde de mondanités. Virginia explique également que les thèmes abordés par les femmes sont considérés comme ayant moins de valeur littéraire que ceux plus "masculins". Ainsi, dit-elle, "le football et le sport sont choses 'importantes' ; le culte de la mode, l'achat des vêtements sont choses 'futiles'. Et il est inévitable que ces valeurs soient transposées de la vie dans la fiction. Ce livre est important, déclare la critique, parce qu'il traite de la guerre. Ce livre est insignifiant parce qu'il traite des sentiments des femmes dans un salon. Une scène sur un champ de bataille est plus importante qu'une scène dans une boutique - partout et d'une façon infiniment plus subtile, la différence des valeurs existe." Enfin, Virginia WOOLF nous rappelle le discours dominant de son époque à l'encontre des femmes considérées de manière générale comme incapables de produire une oeuvre artistique. Parmi le florilège de citations machistes, nous retiendrons celle-ci de Cecil Grey: "À propos de Mlle Germaine Tailleferre on peut seulement répéter le dictum de Dr. Johnson concernant une femme prédicateur, transposé au monde de la musique. `Monsieur, une femme qui compose est comme un chien qui marche sur ses pattes arrières. Ce n'est pas bien fait, mais on est surpris de voir que cela soit fait quand même.' " Rappelons que cette étonnante citation date d'il y a moins de cent ans... et méditons pour que la sœur de Shakespeare puisse enfin vivre.
Alors que Le Conflit, le livre d'Elisabeth BADINTER sur la condition féminine à l'heure d'aujourd'hui, fait beaucoup parler de lui et suscite la polémique (et alors que mes amies l'ont déjà toutes terminé et ont promis de me le prêter) voilà que le hasard (ou plus exactement mon amie Séverine que je remercie vivement) me met entre les mains Une chambre à soi, édifiant petit essai dans lequel Virginia WOOLF, en 1929, se penchait sur la place de la femme dans la littérature mais surtout sur la place des femmes écrivains. Les femmes, nous rappelle-t-elle, n'ont pas encore une grande place dans l'histoire de la littérature parce qu'elles n'ont pas les conditions matérielles pour écrire : elles ne peuvent pas aller dans les bibliothèques, s'asseoir sur une pelouse pour observer les gens, s'attabler à la terrasse d'un café pour réfléchir. Elles doivent s'occuper du ménage, des enfants, de la maison,... Outre le temps, rajoute Virginia WOOLF, il y a deux choses essentielles qui permettent d'écrire et dont les femmes ne disposent pas : de l'argent (Virginia WOOLF avait la chance de recevoir une rente annuelle grâce à l'héritage d'une vieille tante qu'elle connaissait à peine), et une chambre à soi. Jane AUSTEN, précise-t-elle, écrivait sur la table du salon, et ne laissait jamais personne voir qu'elle travaillait sur ses livres. Ainsi était-elle sans cesse dérangée pendant son processus d'écriture et devait-elle ranger papiers et stylos dès que quelqu'un pénétrait dans sa maison, ce qui était fréquent à cette époque et dans ce monde de mondanités. Virginia explique également que les thèmes abordés par les femmes sont considérés comme ayant moins de valeur littéraire que ceux plus "masculins". Ainsi, dit-elle, "le football et le sport sont choses 'importantes' ; le culte de la mode, l'achat des vêtements sont choses 'futiles'. Et il est inévitable que ces valeurs soient transposées de la vie dans la fiction. Ce livre est important, déclare la critique, parce qu'il traite de la guerre. Ce livre est insignifiant parce qu'il traite des sentiments des femmes dans un salon. Une scène sur un champ de bataille est plus importante qu'une scène dans une boutique - partout et d'une façon infiniment plus subtile, la différence des valeurs existe." Enfin, Virginia WOOLF nous rappelle le discours dominant de son époque à l'encontre des femmes considérées de manière générale comme incapables de produire une oeuvre artistique. Parmi le florilège de citations machistes, nous retiendrons celle-ci de Cecil Grey: "À propos de Mlle Germaine Tailleferre on peut seulement répéter le dictum de Dr. Johnson concernant une femme prédicateur, transposé au monde de la musique. `Monsieur, une femme qui compose est comme un chien qui marche sur ses pattes arrières. Ce n'est pas bien fait, mais on est surpris de voir que cela soit fait quand même.' " Rappelons que cette étonnante citation date d'il y a moins de cent ans... et méditons pour que la sœur de Shakespeare puisse enfin vivre.
Intéressant tout cela ! Ca donne envie ! Allez je le mets sur ma liste des "choses à lire" ! Merci pour la référence, je ne connaissais pas du tout ce bouquin !
RépondreSupprimerMoi non plus avant que mon amie ne me le prête. Et toutes les références donnent envie de relire les auteures anglaises... rien que pour leur rendre hommage (et parce que moi j'aime bien entendre parler de sentiments plutôt que de football...).
RépondreSupprimerJe vais un peu faire un hors sujet (mea culpa), merci d'être passé sur mon blog, je ne connaissais pas le tien et j'ai hâte de venir y lire ce que tu as pensé de 22 Novembre 1963.
RépondreSupprimer@ Tiphanie: merci et à tout bientôt alors.
RépondreSupprimerCoincidences... je l'ai lu récemment . Je suis en pleine période VW. A lire aussi L'art du roman , du même auteur, c'est excellent.
RépondreSupprimerTout pareil qu'Anne-Sophie.
RépondreSupprimerEt comme je ne me suis pas foulé sur ce coup-là, j'ajouterai que j'aime beaucoup la nouvelle photo du profil.
J'ai adoré lire ce post, cela me donne vraiment envie de lire ce livre, hééé oui, même je suis une femme et que j'adore les chiffons ;-), toute l'histoire de la possibilité de la femme de pouvoir être considérée comme "créatrice" me fascine vraiment ! merçi !
RépondreSupprimerN'empêche... Vive le brol et les chiffons ;-)
@ Keisha : me précipite pour acheter L'art du roman !
RépondreSupprimer@ In cold blog : merci pour la photo, elle est des plus explicites...
@ mir : merci pour ce gentil message ! Et vive le brol et les chiffons !
Vraiment envie de lire ce livre! Et très sympa ce blog, beaucoup de romans que je n'ai pas lus mais que j'espère lir eun jour :)
RépondreSupprimer