4 février 2010

Soap tropical

Ce que je sais de Vera Candida, Véronique OVALDE

Fable mélo sur trois générations.


Des échos positifs et un cadeau d’anniversaire : j’étais donc plein de bonne volonté en ouvrant le livre, même si a priori le sujet ne m’intéressait pas plus que ça. Sans compter ma méfiance habituelle pour les romans français…
Alors : une histoire de femmes, sur trois générations. En fait non, on ne parle pas d’histoire, on va parler de « destin » : plus fort, plus vendeur. Donc : trois destins de femmes en Amérique latine. En fait, non. On va plutôt parler de « quelque part » en Amérique latine. On va inventer des noms de villes au parfum exotique (Vatapuna, Lahomeria) et ne jamais dire où cela se passe vraiment. Et hop : nous voilà non plus dans un roman, mais dans une « fable universelle » ! Même si, à côté de cet imaginaire tropical, on utilise des références qui actualisent bel et bien les personnages dans une époque, mais passons.
Et que raconte cette fable universelle sur les destins de ces trois femmes ? On commence par suivre Rose, la grand-mère, ancienne prostituée reconvertie dans la pêche de poissons volants. Le roman commence assez bien (j’insiste encore : j’étais vraiment de très bonne volonté !) et on part rapidement, à la suite de Rose, à la rencontre de Jeronimo, gentleman escroc, qui va jeter comme une malédiction sur la descendance de Rose. Et qui dit malédiction dit suite ininterrompue de malheurs. Et là, on peine à suivre l’auteur dans sa chasse aux personnages ébréchés, malheureux et, souvent, complètement passifs. Viol, misère, meurtre, torture, accident, … On aura droit à tout le catalogue. Pas évident, dans ce contexte, de s’attacher aux personnages qui tentent péniblement de s’imposer au lecteur. Le nom du personnage principal fait clairement référence au conte de VOLTAIRE, mais là où le philosophe faisait pleuvoir avec jubilation tous les malheurs du monde sur le pauvre Candide, OVALDE tombe dans le sentimentalisme et le mélodrame.
L’écriture peut parfois séduire (dans la description ou dans certains commentaires ironiques) ou irriter, notamment dans la manière d’intégrer les dialogues à la narration tant l’auteur donne l’impression de vouloir faire du style.
Bref, un livre que je n’ai pas aimé et sur lequel je ne m’attarderai pas : je préfère parler de ceux qui m’ont plu.
Je ne suis pas le seul de cet avis (comme ici ou ici) mais d'autres ont apprécié (comme ici ou ici). J'en profite pour remercier Romans et Lectures pour son outil de recherche sur la blogosphère.

12 commentaires:

  1. D'un autre côté, un peu d'invention et d'imaginaire dans un roman ne nuit pas ! J'ai eu comme vous une impression assez positive au début du roman, mais le reste ne suit pas vraiment. Dommage... ps : très heureux que vous appréciiez mon moteur de recherche !

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  2. Hébé, heureusement que tu précises que tu étais plein de bonne volonté parce que, qu'est-ce que ça aurait donné sinon ? ;o)
    Avec Ovaldé, j'ai fait une bonne pioche (Déloger l'animal) et une mauvaise pioche (Et mon cœur transparent).
    A 1 partout, il faudra bien que je me décide un jour à faire la belle pour savoir lequel des deux emportera mon petit cœur de lecteur

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  3. J'avais très envie de découvrir Ovaldé, et ce livre en particulier, suite aux bonnes critiques sur les blogs ici et là. Mais la lecture de la quatrième de couv m'a quelque peu stoppée...

    Inutile de préciser qu'après avoir lu ton billet, je ne vais certainement pas l'acheter, d'autant plus que je me reconnais complètement dans le premier paragraphe de ton billet !

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  4. @ Calepin: Je n'ai rien contre l'imaginaire, mais dans ce cas-ci, j'ai plus l'impression d'un manque d'imagination.
    @ ICB: Suis pas certain de tenter un autre Ovaldé un jour. Mais tu es peut-être plus optimiste que moi.
    @ Emma: mon avis est bien sûr tout personnel...

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  5. Un ouvrage qui ne m'a pas retournée, loin de là... Surprise pas désagréable au vu de la masse de la production littéraire française, mais on n'arrive pas à la générosité de Carole Martinez ou à la maîtrise de Robert Alexis ("La robe" avant tout, puis "la véranda"). Il fait partie de la sélection du grand prix des lectrices de Elle, j'ai été plutôt bienveillante à la sortie de ma lecture mais je ne sais pas si je le serais encore...

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  6. Je partage en grande partie ton avis. J'ai trouvé les personnages trop passifs et pas vraiment attachants et le style parfois difficile à suivre.

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  7. Eh bien heureusement que j'ai lu ce livre avant de lire ton billet ;-))))
    Et, dis moi, pourquoi te méfies-tu des romans français ???

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  8. @ liliba: disons que, après avoir beaucoup étudié les classiques, que j'aime beaucoup, et avoir lu de plus en plus de littérature étrangère, j'ai commencé à trouver que les auteurs français contemporains avaient bien peu d'imagination. Mais, comme tu peux parfois le lire ici, je fais des tentatives, parfois fructueuses!

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  9. Sombre avis, en effet. Nous n'avons aimé ni l'un ni l'autre, mais pas pour les mêmes raisons : enrichissant ! :)
    C'est étrange, j'ai lu plusieurs critiques négatives au sujet de ce roman, et hormis les majuscules au milieu des phrases quand V.O. utilise le style direct, on trouve toutes sortes d'arguments anti, sans que les blogo-lecteurs se rejoignent pour autant sur des critères fixes. C'est la première fois que je fais un tel constat.

    Deuxième fois, à part ça, que je lis un avis négatif sur "Et mon coeur transparent" (Lili Galipette & In Cold Blog). J'ai peur d'être condamnée à désapprouver la majorité des livres d'Ovaldé. Ca me désole...

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  10. @ Reka : en somme, un livre dont la richesse résiderait dans la variété de ses défauts? ;-) En ce qui me concerne, V.O. c'était la première et la dernière fois?

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  11. Boh, t'as pas raison : Déloger l'animal était franchement différent.
    Mais pas sûre que tu aimes, en fait.
    Tu aimes les lapins bleus? A mon avis, ça doit pas être ta tasse de thé :D

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  12. @ Reka: j'aime bien ces lapins bleus-là: http://www.youtube.com/watch?v=X6lXZBT749w (mais j'imagine que tu es trop jeune pour connaître?)

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