11 novembre 2009

Saga iraniennne

La maison de la mosquée, Kader ABDOLAH

Chronique romanesque et poétique sur les transformations de l’Iran au vingtième siècle.

Aga Djan, riche marchand de tapis au bazar de Sénédjan, est le chef de la mosquée où vivent également les familles de l’imam et du muezzin. Une micro-société qui regarde se succéder les saisons, grandir les enfants et, de loin, s’amonceler les problèmes politiques de l’Iran, alors dirigé par le shah. Dans cette mosquée, on pratique un islam modéré, à la fois respectueux des traditions ancestrales et ouvert sur le monde; on peut s’émerveiller devant les premiers pas de l’homme sur la lune, s’adonner au plaisir des sens et laisser aux femmes le soin de disposer de leur destin. Harmonie fragile face aux mouvements de l’Histoire.
Car quand Galgal, le beau-fils de l’imam, reprend la charge de celui-ci et se met à propager l’anti-américanisme et un islam intolérant, la ville commence à gronder. Galgal est un ambitieux qui voit bien au-delà de la mosquée. Il pense rejoindre Khomeyni et, avec lui, renverser le régime et installer une république islamique.
La vie des habitants de la mosquée va subir les outrages de la révolution et voir peu à peu s’éteindre sa quiétude.
La force de ce roman est de montrer, à travers une foule de personnages, tous les aspects de la société iranienne. Des grands-mères qui rêvent du prophète qui pourra les envoyer à La Mecque, de jeunes militants gauchistes, des fumeurs d’opium, et même un Khomeyni amateur de documentaires animaliers, … La fresque imaginée par ABDOLAH, et c’est une caractéristique qui souvent nous plait dans les romans, parvient à aborder l’histoire d’un pays à travers des destinées individuelles. Des personnages qui vont et viennent, acteurs ou victimes des transformations de la société. L’originalité de ce roman est aussi d’amener tout cela avec douceur et sensualité et parfois même avec humour et poésie.
Kader ABDOLAH est né en Iran mais vit aux Pays-Bas, où il a obtenu l’asile politique, depuis 1988. Il écrit notamment dans le quotidien De Volkskrant. La vision de l’Islam qui ressort de son roman est modérée et très loin de certaines dérives fanatiques d'hier et d'aujourd'hui.

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