La ligne de faille de Nancy HUSTON remonte le temps de 2004 à 1944, livrant le regard de quatre enfants de six ans sur les conflits de leur temps et sur leur histoire familiale.
C’est en corrigeant les travaux de nos élèves que j’ai eu l’idée de ce billet. Ces pauvres enfants devaient en effet, dernièrement, écrire une critique argumentée et basée sur une analyse rigoureuse d’un livre qu’ils pouvaient choisir (nous ne sommes pas des monstres !) dans une liste de cinq romans. La plupart d’entre eux ont choisi, et ce, malgré l’épaisseur du livre, Lignes de faille de Nancy HUSTON (et on dit que les élèves ne veulent plus lire !). J’ai donc eu l’occasion de repenser à ce magnifique roman, probablement une de mes plus belles lectures de ces dernières années et me suis dit qu’il était très dommage qu’il n’y ait rien sur lui dans ce blog. C’est donc chose faite et non contente d’en parler, je le place même dans la catégorie des « Chouchous », tant ce livre m’a émue, touchée, sensibilisée, fait rire et même pleurer (et même si je pleure de plus en plus facilement face à une fiction, surtout quand il est question d’enfants… un livre qui vous fait verser de chaudes larmes ne s’oublie pas si facilement).
Lignes de faille, c’est l’histoire de quatre enfants de six ans, l’histoire de cinq générations et l’histoire d’une famille, de ses secrets et de ses failles. La particularité de ce roman est qu’il n’est pas écrit chronologiquement mais qu’il rebrousse chemin, remonte le temps comme pour mieux expliquer les conséquences de la fracture originelle. Nancy HUSTON ne se réinvente pas psychanalyste pour autant et ne cherche pas à faire passer un message sur la nécessité de transmission au sein d’une famille (comme c’est la mode en ce moment depuis la parution du Secret de GRIMBERT). Mais elle montre le poids du passé, des non dits et des blessures sur les membres d’une famille.
Il est d’abord question de Sol, petit garçon surdoué et surprotégé, de ceux qu’on appelle aujourd’hui « enfant roi ». Sol a un ego surdimensionné, un caractère impossible, et un regard étrange et malsain sur le monde. Ainsi, perpétuellement à la recherche d’images violentes sur Internet, il apprécie tout particulièrement les images soldats irakiens morts ou torturés qui lui procurent même une certaine excitation sexuelle. Malgré son jeune âge, Sol est un petit garçon antipathique et dérangeant.
Le chapitre suivant raconte les six ans de Randal, le père de Sol, qui deviendra, adulte, un citoyen américain pro-Bush et foncièrement anti-arabe. Enfant, il vivra quelques années en Israël, pendant les événements du massacre de Sabra et Chatila. Sa mère, préoccupée par ses recherches historiques sur la deuxième guerre mondiale et la persécution des juifs, s’occupe peu du petit garçon.
Et c’est de cette mère, Sadie, que traite le troisième chapitre. Cette mère mal aimante était avant tout une petite fille mal aimée. Plus ou moins abandonnée par une très jeune mère, Sadie vit chez des grands parents peu compréhensifs et s’inflige à elle-même une discipline éprouvante.
Le dernier chapitre, le plus émouvant, raconte l’enfance troublée de la mère de Sadie, petite fille au lourd problème identitaire, responsable malgré elle de cette faille qui s’élargira au fil du temps et rattrapera tous ses descendants.
Roman sur les liens familiaux, sur l’enfance qu’on ne protège pas assez ou qu’on protège mal, mais aussi roman sur les grands conflits qui ont marqué le 20e et le 21e siècle (avec une vision bouleversante et méconnue de la seconde guerre mondiale !), Lignes de faille éblouit par son style épuré, par sa construction subtile et par une histoire forte, passionnante et terriblement émouvante. Un roman qu’on dévore mais qui vous hante longtemps.
Lignes de faille, c’est l’histoire de quatre enfants de six ans, l’histoire de cinq générations et l’histoire d’une famille, de ses secrets et de ses failles. La particularité de ce roman est qu’il n’est pas écrit chronologiquement mais qu’il rebrousse chemin, remonte le temps comme pour mieux expliquer les conséquences de la fracture originelle. Nancy HUSTON ne se réinvente pas psychanalyste pour autant et ne cherche pas à faire passer un message sur la nécessité de transmission au sein d’une famille (comme c’est la mode en ce moment depuis la parution du Secret de GRIMBERT). Mais elle montre le poids du passé, des non dits et des blessures sur les membres d’une famille.
Il est d’abord question de Sol, petit garçon surdoué et surprotégé, de ceux qu’on appelle aujourd’hui « enfant roi ». Sol a un ego surdimensionné, un caractère impossible, et un regard étrange et malsain sur le monde. Ainsi, perpétuellement à la recherche d’images violentes sur Internet, il apprécie tout particulièrement les images soldats irakiens morts ou torturés qui lui procurent même une certaine excitation sexuelle. Malgré son jeune âge, Sol est un petit garçon antipathique et dérangeant.
Le chapitre suivant raconte les six ans de Randal, le père de Sol, qui deviendra, adulte, un citoyen américain pro-Bush et foncièrement anti-arabe. Enfant, il vivra quelques années en Israël, pendant les événements du massacre de Sabra et Chatila. Sa mère, préoccupée par ses recherches historiques sur la deuxième guerre mondiale et la persécution des juifs, s’occupe peu du petit garçon.
Et c’est de cette mère, Sadie, que traite le troisième chapitre. Cette mère mal aimante était avant tout une petite fille mal aimée. Plus ou moins abandonnée par une très jeune mère, Sadie vit chez des grands parents peu compréhensifs et s’inflige à elle-même une discipline éprouvante.
Le dernier chapitre, le plus émouvant, raconte l’enfance troublée de la mère de Sadie, petite fille au lourd problème identitaire, responsable malgré elle de cette faille qui s’élargira au fil du temps et rattrapera tous ses descendants.
Roman sur les liens familiaux, sur l’enfance qu’on ne protège pas assez ou qu’on protège mal, mais aussi roman sur les grands conflits qui ont marqué le 20e et le 21e siècle (avec une vision bouleversante et méconnue de la seconde guerre mondiale !), Lignes de faille éblouit par son style épuré, par sa construction subtile et par une histoire forte, passionnante et terriblement émouvante. Un roman qu’on dévore mais qui vous hante longtemps.
Tu as raison, ce roman est un "must" de la littérature contemporaine ! Et ça fait plaisir de voir que des élèves vont d'eux mêmes vers ce roman !
RépondreSupprimerEffectivement, c'est un roman qui marque les esprits longtemps après sa lecture. Par curiosité, quel âge avaient les élèves ?
RépondreSupprimerNous l'avons donné à des élèves de dernière année: 17-18 ans. Et pour le moment, ils sont en train de goûter aux joies de la déconstruction avec "Incroyablement fort extrêmement près" de J.Safran Foer... On a décidé de viser haut!
RépondreSupprimerJe l'ai déjà noté, mais je n'ai pas encore pris le temps de le lire !
RépondreSupprimerOui, parfois les lycéens sont étonnants : n'ont-ils pas décerné le Goncourt des lycéens à un romand de plus de 700 pages ? :))
"roman" erreur de frappe ...
RépondreSupprimerTu m'as convaincue, je vais aller l'acheter dès aujourd'hui ! Je n'avais pas été séduite par "Une adoration" et n'avais pas relu de bouquin de N. Huston depuis mais là je vais me lancer !
RépondreSupprimerEt mes élèves aussi sont en train de lire "Extrêmement fort et incroyablement près". Je le relis en même temps qu'eux (pour la quatrième fois au final) et je n'en reviens toujours pas, ce livre m'émerveille et me touche à un point ... C'est vraiment mon gros gros coup de coeur de ces 5 dernières années. Et je ne peux que vous recommander "L'histoire de l'amour" de Nicole Krauss (la femme de Jonathan S.F.), une pure merveille !!!
@Leiloona: les lycéens étonnent, c'est vrai et c'est aussi pour ça qu'on ne se lasse pas de notre métier.
RépondreSupprimer@ Anne-So: "L'histoire de l'amour" est un livre que j'ai souvent eu en mains en librairie, mais quelque chose m'a toujours arrêté. Peut-être le peur de comparer avec Monsieur et d'être un peu déçu. Maintenant que le temps a passé, je vais pouvoir franchir le pas.
J'ai acheté ce bouquin ("L'histoire de l'amour") suite à une petite "aventure" qui me fait toujours sourire (relatée ici http://tribulationshumaines.blogspot.com/2009_01_01_archive.html) mais je ne l'ai lu que des mois plus tard. Une découverte ! Et je ne savais pas à la base qu'elle était la femme de J.S.F. !
RépondreSupprimerJ'ai justement une collègue qui m'en a parlé cette semaine... Cette conjonction fait que le livre passe en numéro un sur ma liste des prochains achats !
RépondreSupprimerBeaucoup aimé ce roman, bien écrit et construit, original et prenant. J'ai eu en revanche plus de mal avec les autres de le même auteure, notamment La virevolte, qui m'a beaucoup ennuyé.
RépondreSupprimerL'un de mes coups de coeur aussi... J'ai lu récemment "L'empreinte de l'ange" que j'ai beaucoup aimé également, et garde un souvenir positif de ma (très) lointaine lecture d'"Instrument des ténèbres".
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