10 février 2010

Me, myself and Paul

Invisible, Paul AUSTER

Une vraie-fausse confession où AUSTER multiplie ses ruses de conteur hors pair.

Je n’ai pas l’habitude de lire en VO. Peur de perdre le plaisir immédiat de la lecture, peur de passer à côté de quelque chose (un comble pour le prof qui passe son temps à demander à ses élèves d’apprendre à lire entre les lignes…). Mais comment résister à l’attrait du nouveau roman de Paul AUSTER sorti fin 2009, pas encore traduit chez nous ? Si j’ai parfois dû ouvrir mon vieil Harrap’s, je m’en suis sorti assez facilement, sans avoir l’impression de réaliser un devoir d’anglais !
En ce qui concerne l’auteur, je veux bien admettre que, dans une production aussi régulière et abondante, tout n’est pas toujours du même niveau, mais je suis à chaque fois touché et j’aime voir évoluer, de livre en livre, ses obsessions et ses procédés. Dans Invisible, a priori, pas de surprise. Tout l’univers de l’auteur est au rendez-vous : anti-héros à la recherche d’une figure paternelle, livre dans le livre, récits dans le récit, New York, hasard et coïncidences, digressions littéraires et cinématographiques …

Tout commence en 1967. Le jeune Adam Walker, étudiant et apprenti poète, fait la rencontre de Rudolf Born. Il est professeur en politique internationale, plus ou moins Français et enseigne pour une année à Columbia. Très vite, Born propose à Adam de l’employer afin de l’aider à se lancer dans la vie et dans une carrière éditoriale. Une proposition étonnante car ils se connaissent à peine. Serait-ce l’influence de Margot, la compagne de Born, qui semble séduite par le jeune Adam ? Ce début d’amitié prometteur sera pourtant arrêté net par un accident violent qui plonge soudain le roman dans une atmosphère proche du thriller…
Je ne vais pas en dire plus ; ce serait gâcher le vrai-faux suspense. Vrai car la personnalité étrange de Born inquiète ; faux car comme souvent chez Auster, on ne nous dira pas tout.
Au final, mais c’est un « austerien » convaincu qui parle, j’ai été captivé par le roman et ces multiples niveaux de lecture. C’est au départ Adam qui raconte mais très vite il est arrêté dans son récit par ce « je » qui, selon lui, le rend invisible à lui-même. Commence alors un jeu de récits enchâssés, de changements de narrateurs qui, mis bout-à-bout, nous fait douter de la véracité de cette confession. Multiplication de points de vue, sauts dans le temps, … AUSTER ballade le lecteur d’une histoire à une autre, de New York à Paris, de 1967 à aujourd’hui, pour mieux raconter et mieux nous faire comprendre qu’on ne peut pas tout comprendre…

Et pour contrebalancer un peu mon enthousiasme, l'avis d'Emeraude, plus mitigé.

5 commentaires:

  1. Sur le coup, je me suis dit : "les veinards, ce roman est déjà sorti (en français j'entends)" en Belgique... ! Et non ;) -> La chance de pouvoir lire en VO, moi, je n'y arrive pas ! J'attends donc avec impatience sa sortie en français (en France)... c'est pour mars 2010 normalement.
    Je suis une inconditionnelle de Paul Auster et j'ai beaucoup aimé son précédent roman: "Seul dans le noir".
    Je crois bien que c'est la première fois que je laisse un com chez vous même si je suis une lectrice régulière de votre blog ! Il est super !

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  2. j'aime beaucoup Paul Auster aussi et pourtant, celui là m'a un peu déçue...

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  3. @ Marie: Plus longtemps à attendre donc... Et merci pour le compliment!
    @ Emeraude: je n'avais pas vu ton billet. Je l'ai ajouté en lien. Je suis en partie d'accord avec ta lecture, mais je trouvais justement qu'Auster allait plus loin que d'habitude dans ses spirales de narration et cela m'a beaucoup plu.

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  4. Ah j'ai tellement hâte ! Je suis très fan de cet auteur dont j'ai presque tout lu, mais lire en VO je ne pense pas en être capable donc je vais attendre la traduction française. Tu m'as bien mis l'eau à la bouche ! Merci !

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  5. j'en ai encore de vieux à lire avant, mais celui ci va y passer un jour ou l'autre, je suis fan!

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